Le dessin de Clotilde



Les légendes du dessin de Clotilde :

L'aubergiste m'a rappelé Pagnol.

Illusion perdue, Henriette retrouve sa quincaillerie et se marie deux mois après avec l'apprenti. Henri aussi reprend sa vie. Un an après nostalgique ils reviennent au "bon coin". Hélas trop tard : ils ont laissé passé leur chance d'être heureux ?

Henriette et Anatole repartent en yole et étrange c'est Henriette qui rame. Fin

Les autres remarques de Clotilde : 

Henri et Henriette :
deux êtres romantiques, nostalgiques tombant amoureux l'instant d'un après-midi à la campagne.

Musique :
tragique qui efface le chant des rossignols. Dommage !

La moustache :
Guy de Maupassant  rappelle Rodolphe le canotier avec sa moustache (le dragueur).

Henriette rappelle la tristesse de Guy,
et celle d'Henri l'autre canotier.
            Henri un taciturne ?

L'acteur qui joue Rodolphe 
Jacques B Brunius 
n'a lui pas de moustache. 
(en conversation avec Prévert 
dont il était proche)

Renoir est-il plus noir que Maupassant ?



Comment Maupassant et Renoir ont-ils mis en scène « le noir » ?



Pour Renoir de manière noire par moment mais pas seulement ; de manière tendre aussi et c’est ce qui nous affecte dans son film, il n’a pas la même distance. Par moment le point de vue est cruel. (Sur Dufour, sa femme, Anatole, la grand-mère, mais aussi sur Henri et le « patron » du bistrot Poulain). En même temps il les regarde avec un regard humain dépeint par exemple la bêtise ou leurs codes de comportements absurdes avec tendresse : son amusement est à la fois sarcastique et chaleureux. Nos rires en ont témoigné à la projection de ce samedi.

Moins cruel sur Henriette et Rodolphe, on peut le noter, quoiqu’on sente qu’il prend une touche de distance vis-à-vis de son innocence un peu feinte qui confine à de la naïveté, et à sa conduite de fille unique qui dans le fond règne en princesse dans le clan Dufour. Henri, on a vu, lui sert pour nous brasser dans plusieurs sens entre empathie et doute. (Renoir dit se méfier des idéalistes et n’a pas le même caractère mélancolique et plombant que Rodolphe, il est plutôt nostalgique que mélancolique).

Par rapport à Beckett et Fin de Partie il y a dans le film de Renoir une même peinture de l’absurde du côté du duo Laurel et Hardy (Dufour, Anatole), qui contamine le tableau d’ensemble de la famille et des situations. Plus précisément il s’agit d’un grotesque pris dans l’absurde. Beckett fait partie de cette veine, comme Kafka. Il y a du noir dans le Procès, mais en même temps de l’humour. Ce grotesque est à la fois comique et grinçant, il nous concerne, il fait peser une menace. La menace du rien qui se trouve sous toute existence, et d’où sort toute existence.

Toute existence est incarnation particulière et ces particularismes confinent forcément au ridicule, à l’absurde, si on les regarde à la loupe, si on grossit le trait etc.. On présente des personnages qui baignent dans leurs codes, leurs conventions, sans distance. Ils n’existent que par leurs conventions poussées jusqu’à l’absurde. Sans ces conventions ils ne sont rien. Ils n’existent pas. Si bien qu’en arrière-plan ce qui menace derrière leur bonhomie, c’est leur néant. Je crois que c’est ce rien qui nous met mal à l’aise. Tandis que nous rions de leur grotesque. Ce rien par lequel ils existent. Ce néant d’où ils sortent pour exister. Pour exister ils n’ont pas d’autres choix que de jouer leurs stéréotypes. On rejoint la thématique du théâtre chère à Renoir.

Les canotiers, en particulier Rodolphe, affirment quant à eux le grotesque des particularismes, se revêtent de ses vêtement et font de l’entreprise de séduction une pièce de théâtre, entre le comique et le drame. Si bien que le spectateur est brassé entre d’un côté l’absurde des stéréotypes avec lesquels se confond la famille Dufour et surtout le duo Anatole Dufour – et de l’autre côté le jeu de rôles des deux canotiers.

Chez Maupassant il en va autrement, le grotesque des personnages ; en particulier ceux des deux canotiers ou des parents Dufour ; qui est exprimé au moment du repas commun, n’est pas tiré vers l’absurde ; c’est la situation et le drame social qui l’est. Il y a chez Maupassant un fatalisme, un constat froid de la situation. La peinture est cruelle, caricaturale, sévère socialement, mais en aucun cas l’existence des personnages n’affecte la nôtre ; nous restons à l’extérieur d’eux. Tandis que chez Renoir nous sommes à la fois devant eux et AVEC eux. Nous y sommes, dans le tableau.

L'homme aux cheveux jaunes

Du comique à l'horreur
L'homme aux cheveux jaunes, sous ses airs de benêt insignifiant, est un personnage clé. Dans le texte de Maupassant, il n'a pas de nom. C'est d'abord le " garçon aux cheveux jaunes, le commis etc." A la fin du texte, c'est " le mari". Dans le film, Renoir lui donne plus de consistance : il a un prénom, Anatole. Faire-valoir et souffre-douleur d'un autre benêt qui se croit supérieur, monsieur Dufour. Anatole est, selon moi, une des principales pièces maîtresses dans le drame qui se joue. Renoir respecte le texte en lui laissant sa laideur physique, sa niaiserie, sa servilité envers monsieur Dufour et son manque de personnalité (il suit le groupe docilement). En revanche, Renoir prend de la liberté avec la nouvelle de Maupassant par petites touches. Chaque endroit où se trouve Anatole, chacune de ses répliques, chacun de ses gestes sont des éléments donnant au spectateur le sentiment de malaise. Anatole est l'incarnation de la menace, du sort réservé à Henriette. Renoir utilise Anatole pour mieux nous faire entrer dans l'histoire et mieux nous intéresser aux autres personnages, notamment Henriette bien évidemment. Anatole devenu mari de Henriette est tout autant terrorisant. Une fois encore, par petites touches, Renoir nous suggère le tyran domestique. Il dort, satisfait après une partie de pêche, pendant que Henriette s'ennuie. Quand il se réveille, il l'appelle, comme une servante. La houspille pour qu'elle l'aide à enfiler sa manche de veste. C'est un incapable qui ne sait toujours pas manier une canne à pêche. C'est un impuissant qui n'a pas conçu d'enfant. L'illustration de cette impuissance est la scène où Henriette doit lui enfiler la manche de veste. Henriette l'aide mais son regard est plein de haine... Malgré ses défaillances, sa laideur et sa bêtise, Anatole est un mari despote et possessif. Il enlace Henriette par la taille, signe de domination et de possession. Ce geste est intolérable car nous savons que sans Henriette, il ne serait rien. Henriette rame car elle est soumise (n'ayant pas pu échapper à son destin) et que Anatole est incapable de ramer correctement...

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